On ne s'en rend pas compte, mais notre organisme est très actif pendant notre sommeil. Respiration, température, activité cérébrale et cardiaque... Que se passe-t-il vraiment dans notre corps quand on dort, on rêve ou quand on est sur le point de se réveiller ? Eclairage du Dr Marc Rey, neurologue.
Chaque année, on passe en moyenne 118 jours à dormir. On ne s'en rend pas forcément compte, mais notre corps n'est pas totalement inerte et reste actif même quand on dort. Au cours de la nuit, notre température, notre respiration, notre activité cérébrale, cardiaque et musculaire et notre production d'hormones varient à chaque phase du sommeil. Découvrez ce qu'il se passe vraiment dans notre corps quand on dort avec les explications du Dr Marc Rey, neurologue et Président de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV).
Pendant l'endormissement
→ La respiration devient plus lente et les muscles se relâchent. Durant cette phase de demi-sommeil, on peut avoir l'impression de "tomber" dans le vide ou d'avoir des soubresauts.
→ La température interne du corps baisse. "On s'endort à la défervescence thermique, c'est-à-dire que la température centrale du corps va chuter au cours de la nuit pour arriver à son point le plus bas entre 4 et 6h du matin", précise le Dr Marc Rey. Le fait de s'endormir dans une pièce à environ 19°C favorise le sommeil.
→ La mélatonine - une hormone fondamentale à l'endormissement qui régule les cycles veille/sommeil - est sécrétée quand la nuit tombe et qu'il fait noir. Sa production signale au cerveau qu'il est temps de s'endormir. "Il faut savoir que la sécrétion de la mélatonine s'arrête à la hausse de la luminosité (autrement dit quand le ciel est bleu). La lumière bleue est donc particulièrement efficace pour stopper la sécrétion de la mélatonine et retarder l'endormissement", prévient le neurologue. Voilà pourquoi il faut éviter de regarder des écrans (télévision, smartphone, tablette...) avant de se coucher. L'idéal est de mettre en place un couvre-feu digital une heure avant d'aller dormir.
Pendant le sommeil lent léger
→ L'activité électrique cérébrale ralentit. "Normalement, quand on est dans un état de veille calme, le cerveau a une activité électrique d'une fréquence de 8 à 12 hertz. Lorsqu'on s'endort, le cerveau a une activité électrique très lente, jusqu'à atteindre 1 hertz pendant le sommeil lent profond", indique le Dr Rey.
→ Les muscles se relâchent de plus en plus et la respiration est de plus en plus calme. Néanmoins, pendant cette phase de sommeil lent léger, le sommeil est peu profond et fragile : le moindre stimulus extérieur (un bruit ou un changement de luminosité...) peut nous faire sortir de notre sommeil.
→ Le taux de cortisol, une hormone qui aide notamment l'organisme à faire face au stress physique ou psychologique, diminue, ce qui favorise le sommeil.
Pendant le sommeil lent profond
→ La respiration est très lente et régulière.
→ Le rythme cardiaque ralentit et les muscles sont totalement relâchés. "Et lorsque le rythme du cœur diminue, la tension artérielle diminue également et est à son niveau le plus bas", ajoute-t-il.
→ L'activité cérébrale est ralentie, mais pour autant, c'est durant cette phase que la connexion entre les neurones est la plus optimale, ce qui permet de favoriser la mémorisation et la créativité par exemple.
→ L'hormone de croissance est sécrétée par l'hypophyse de façon pulsatile pendant cette phase de sommeil. "Il s'agit d'une hormone qui favorise le processus de croissance, la reproduction et la réparation des cellules. Elle joue aussi un rôle prépondérant dans différents mécanismes métaboliques (règlement du glucose dans le sang, des acides aminés...), voilà pourquoi on dit que le sommeil lent profond est le plus réparateur", indique le Dr Rey. C'est à ce moment que l'on se repose le plus.
Pendant le sommeil paradoxal
→ Le corps est totalement inerte et paralysé. En revanche, l'activité cérébrale est à son paroxysme et sous nos paupières fermées, les yeux font de rapides mouvements dans tous les sens. Voilà pourquoi cette phase est également appelée "sommeil à mouvements oculaires rapides". C'est dans cette phase que l'on rêve le plus. "Pendant le sommeil paradoxal, l'individu a une activité électrique cérébral comme s'il était réveillé ou à peine endormi. Pour autant, d'un point de vue comportemental, l'individu dort profondément et ses muscles sont paralysés. Voilà pourquoi cette phase est appelée le sommeil paradoxal, explique le spécialiste du sommeil. La personne présente simultanément des signes de sommeil profond et des signes d'éveil.
→ La respiration est "plus anarchique et dépendante de ses rêves. Si le rêve est très riche en émotions, le rythme respiratoire est plus rapide par exemple", précise notre interlocuteur. Le pouls augmente également.
→ Le rythme cardiaque est plus irrégulier et dépend également des rêves que l'on fait.
Pendant le réveil
→ "La température du corps augmente progressivement, ce qui va stimuler l'éveil. Voilà pourquoi il est recommandé le matin au réveil de prendre une douche plutôt chaude pour ne pas stresser les muscles et de faire quelques étirements pour échauffer le corps et faire remonter plus vite sa température", conseille notre interlocuteur.
→ L'activité du cerveau et des muscles s'intensifient. Le "vrai" réveil est ponctué de micro-réveils dont on n'a pas souvent conscience.
→ Le cortisol est sécrété entre 6 et 8h du matin. Le cortisol est stimulant et favorise le réveil. Le taux de mélatonine au contraire est au plus bas, .
Merci au Dr Marc Rey, neurologue spécialiste du sommeil et Président de l'Institut national du Sommeil et de la Vigilance (InVS).
Article d'Anaïs Thiébaux
Comentarios